« Pour baisser les émissions de la France de 3 % chaque année, tous les secteurs doivent contribuer, rappelle le député. L’avion symbolise les grands voyages, la liberté. Mais il n’y aura pas de tourisme dans un monde dévasté. Même s’il bouscule toute une culture, le sujet de l’aérien va s’imposer. » Au niveau européen ? L’idée d’une taxe sur les rejets de CO2 des avions revient régulièrement (le 12 février, encore, sur proposition néerlandaise) avant de s’effacer, telle une traînée de condensation striant le ciel.
Dans la génération Erasmus et Ryanair, pourtant, l’idée d’un « flexitarisme » aérien commence à faire son chemin. « Moi, je suis flexitaérien », se vantera-t-on bientôt ? Comme pour la viande, pas question de s’interdire, mais de réduire allègrement. Les vols d’agrément en priorité puisque, au boulot, proposer une téléconférence ne réjouit pas, hors période d’économies. Un long-courrier par an, de rares vols européens, plus le moindre en France ? Chacun se fixe un cadre moral de bric et de broc. Ex-grand voyageur repenti, Juan Martinez, 28 ans, chargé de mission environnement dans une mairie, s’accordera « un vol par an, mais pas de long-courrier ».
Récemment, il a gagné le Maroc en ferry (48 heures), la Catalogne en train de nuit, covoiturage et bus (17 heures). « C’est la suite logique de tout ce que j’ai entrepris pour réduire mon impact. Je reprends conscience des distances, je regarde les paysages traversés. Le déplacement redevient une aventure, une composante du voyage. »
A l’université parisienne de Jussieu, le 8 février, les étudiants ont programmé leur première grève climatique, une semaine plus tard, et formulé leurs revendications prioritaires. Dont l’interdiction des vols intérieurs.