Édition catholique du Grand Siècle.
« Rechercher les conversations et les fuir, ce sont deux extrémités blâmables en la dévotion civile, qui est celle de laquelle je vous parle. La fuite d’icelles tient du dédain et mépris du prochain, et la recherche ressent à l’oisiveté et à l’inutilité. Il faut aimer le prochain comme soi-même: pour montrer qu’on l’aime, il ne faut pas fuir d’être avec lui, et pour témoigner qu’on s’aime soi-même, on doit demeurer en soi-même quand on y est. Or, on y est quand on est seul: « Pense à toi-même, dit saint Bernard, et puis aux autres. » Si donc rien ne vous presse d’aller en conversation ou d’en recevoir chez vous, demeurez en vous-même et vous entretenez avec votre coeur; mais si la conversation vous arrive, ou quelque juste sujet vous invite à vous y rendre, allez de par Dieu, Philothée, et voyez votre prochain de bon coeur et de bon oeil.
On appelle mauvaises conversations celles qui se font pour quelque mauvaise intention, ou bien quand ceux qui entreviennent en icelles sont vicieux, indiscrets et dissolus; et pour celles-là, il s’en faut détourner, comme les abeilles se détournent de l’amas de taons et frelons. Car, comme ceux qui ont été mordus des chiens enragés ont la sueur, l’haleine et la salive dangereuse, et principalement pour les enfants et gens de délicate complexion, ainsi ces vicieux et débordés ne peuvent être fréquentés qu’avec hasard et péril, surtout par ceux qui sont de dévotion encore tendre et délicate. »
Saint François de Sales
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